Youtubeurs: Comment gagner sa vie dans un univers de plus en plus encombré?

Plus que jamais auparavant, les Youtubeurs se livrent une concurrence à la quête non seulement de visionnements, mais aussi de revenus. La viabilité dépend de facteurs comme la conclusion d’ententes et de partenariats avec des marques étant donné que les coûts par mille impressions (CPM) sur YouTube ont fondu au fil des ans.

Sara Dietschy est une Youtubeuse de 22 ans. Elle compte 236 000 abonnés et, plusieurs fois par semaine, elle met en ligne des vidéos sur les voyages, les technologies et les choses qu’elle aime. Vous n’avez probablement jamais entendu parler d’elle étant donné que des millions de personnes comme Dietschy téléversent des vidéos sur YouTube.

En fait, il est fort probable que cette plateforme devienne encore plus encombrée dans le futur : lorsque 1 000 enfants âgés de 6 à 17 ans se sont fait récemment demander ce qu’ils souhaiteraient exercer comme métier dans le futur, « Youtubeur » a été la réponse la plus fréquemment donnée.

La Youtubeuse canadienne Elle Mills a plus de 471 000 abonnés et 38 millions de visionnements.

Être Youtubeur à une époque où tout le monde aspire à ce titre

Dietschy, de concert avec les Youtubeurs Dodie Clark et Andrew Gunadie (aussi connu sous le nom de Gunnarolla), ainsi que la Youtubeuse Rachel David fondatrice d’une agence de marketing d’influence, partagent leurs réflexions sur la réalité d’être Youtubeur à une époque où tout le monde aspire à ce titre et où les tarifs publicitaires des vidéos sur YouTube sont à la baisse.

C’est ce qu’ils ont expliqué dans le cadre d’un panel tenu pendant le Buffer Festival et intitulé « What Creators Wish Industry Knew » (ce que les créateurs souhaiteraient que l’industrie sache). À mesure que l’offre de vidéos augmente, les tarifs publicitaires baissent.

Il y a plusieurs années déjà, un million de visionnements par mois généraient un revenu suffisant pour payer les comptes, mais ce n’est plus le cas. Aujourd’hui, il faut accumuler plusieurs millions de visionnements par mois, tous les mois, pour gagner sa vie uniquement à partir de revenus publicitaires tirés de YouTube.

Payer les comptes à l’aide de revenus publicitaires, mais aussi d’ententes et de marchandises

Donc, que réserve l’avenir aux Youtubeurs? Plusieurs millions de visionnements par mois, ça va, si on est en mesure de les atteindre, mais ce n’est pas à la portée de la majorité. Aujourd’hui, mener une carrière viable comme Youtubeur dépend généralement de l’apport d’autres sources de revenu, qu’il s’agisse d’ententes d’endossement, d’apparitions personnelles, de marchandises ou de livres. Autrement dit, la personne se transforme en marque médiatique.

Parfois, la promotion ne passe même pas par un paiement direct. Dietschy raconte le cas d’un gazouillis qu’elle a envoyé en avril dernier sur Twitter, dans lequel elle avouait qu’elle adorait l’eau aromatisée. Aucune marque ne l’avait payée pour envoyer ce gazouillis. Elle avait simplement voulu rendre publique une préférence personnelle et ce qui devait arriver arriva.

En plus de nombreux retweets et « J’aime », son gazouillis a fait l’objet de commentaires de la part non seulement d’autres amateurs d’eau aromatisée, mais aussi de marques d’eau aromatisée. Les équipes responsables des médias sociaux de ces dernières surveillent les mots clés utilisés pour encourager les échanges sur les réseaux sociaux.

LaCroix et Hint figuraient parmi les marques d’eau aromatisée à s’être immiscées dans la conversation.

Avant même qu’elle ne s’en rende compte, Dietschy était plongée dans un échange de messages directs avec Hint sur Twitter et, peu après, elle se faisait livrer des caisses d’eau Hint à sa porte. Il n’existait aucune entente officielle entre Dietschy et la marque, mais l’enthousiasme y était néanmoins.

Elle a partagé son grand bonheur de voir son réfrigérateur rempli de la nouvelle boisson sans sucre et sans édulcorant avec ses centaines de milliers d’adeptes en pleine vidéo portant sur un tout autre sujet. (Avancez jusqu’à la marque des 4 minutes si vous voulez gagner du temps.)

Dietschy deviendra-t-elle une porte-parole officielle de Hint? C’est certainement une possibilité et ça pourrait lui rapporter gros.

À la recherche d’ententes de marque : les bonnes cibles aux bons prix

Selon The Economist, voici à quoi ressembleront les revenus potentiels des Youtubeurs dans le cadre d’une entente de marque : ceux ayant entre 100 000 et 500 000 abonnés gagneront environ 12 500 $ par vidéo commanditée; ceux ayant entre 500 000 et 1 million d’abonnés pourront gagner environ 25 000 $; enfin, les Youtubeurs dans la catégorie des « millionnaires » (autrement dit, ayant plus de 1 million d’abonnés), pourront conclure des ententes dans les six chiffres.

Le Youtubeur canadien Andrew Huang a plus de 1 025 000 abonnés et 127 millions de visionnements.

Rick Matthews, vice-président international pour Kin Community Canada, une entreprise de médias numériques qui se spécialise dans des contenus destinés aux femmes milléniales, a avoué pendant le Buffer Festival que l’espace du marketing d’influence est plus encombré que jamais.

« Les créateurs et les agences d’influence se multiplient, alors il devient de plus en plus important de ressortir du lot, particulièrement au Canada. » Il a aussi expliqué que des entreprises comme la sienne, au moment de jumeler des marques et des influenceurs, doivent appliquer des filtres pour s’assurer d’atteindre les publics ciblés.

De plus, Matthews observe une évolution au niveau des créateurs, un terme qu’il dit préférer à celui d’« influenceur ». « Je les considère comme des experts dans ce qu’ils font, qu’il s’agisse de maquillage, de cuisine, peu importe. Et l’évolution représente aujourd’hui la marque personnelle du créateur bien au-delà des vidéos qu’il crée. »

On dénombre plus de créateurs que jamais, mais Matthews considère que c’est une bonne chose. « Tout le monde doit redoubler d’efforts », dit-il.

Comment votre budget dédié aux influenceurs va-t-il changer en 2017?

Source: Linqia (États-Unis; novembre 2016; 170 marketeurs B2C) via Statista

Leora Kornfeld
Jusqu’à présent, Leora Kornfeld a été vendeuse dans un magasin de disques, animatrice à la radio de la CBC, rédactrice de cas à la Harvard Business School, blogueuse et cruciverbiste chevronnée. Elle est actuellement consultante en médias et en technologies et travaille avec des clients américains et canadiens.
En savoir plus